Coudre un patron en langue étrangère, est-ce vraiment une bonne idée ?

Un magazine de couture en allemand

En naviguant sur les réseaux sociaux, vous êtes tombée sur la publication d’une robe cousue main absolument splendide 😍. Exactement comme vous en rêviez ! Seul problème : le patron a été publié par un créateur ou une marque étrangère et n’est pas disponible en français. Qu’à cela ne tienne, motivée par le résultat, vous achetez le patron !

Et… patatra ! Le tutoriel n’est pas du tout comme vous l’espériez. Pour être tout à fait honnête, vous n’y comprenez même rien du tout 😓. Dans le meilleur des cas, vous parvenez à coudre votre robe en bidouillant à votre sauce et dans le pire des cas, vous abandonnez carrément le projet. Quel gâchis ! Triste et fâchée, on ne vous y reprendra plus !

Si cette situation vous semble familière ou si vous souhaitez vous ouvrir à de nouveaux horizons grâce à des patrons édités en langue étrangère, cet article est fait pour vous !

Un magazine de couture en allemand
Coudre des patrons en langue étrangère, c'est aussi pouvoir s'ouvrir à d'autres horizons.

Sommaire

Nous allons voir ensemble les cinq principaux points à considérer avant de se lancer. Et pour ne rien oublier, vous trouverez en bonus la check-liste complète à la fin de l’article !

ÉTAPE 1 : Déterminez votre motivation et vos exigences

Vous allez le voir, je vous livre dans cet article des conseils concrets pour vous aider à savoir si vous pouvez (ou non) acheter ce patron en langue étrangère qui vous fait tant rêver. Mais avant d’aborder ces considérations linguistiques et de compétences en couture, je tiens à rappeler que tout commence d’abord avec vous. Quelle est votre motivation à coudre CE projet particulier et quels sont vos critères d’exigences ?

Pourquoi voulez-vous coudre ce patron ?

Je ne sais pas si vous partagez mon avis, mais je trouve que l’offre en patrons est absolument dingue. Certaines marques publient des dizaines de patrons par an, tandis que les créateurs et créatrices indépendants nous gâtent avec des collections capsules une ou deux fois par an. Sans parler des magazines mensuels ou trimestriels… Bref, il y a de quoi faire !

C’est pour cette raison que vous devez d’abord questionner le bien fondé de votre entreprise. Est-ce que ce projet vous apporte une réelle plus-value par rapport à tous les patrons que vous possédez déjà ? Et est-ce qu’il n’y aurait pas un patron semblable dans une langue que vous maîtrisez ? La première question s’applique évidemment à tous les patrons tandis que la seconde vise à limiter les problèmes liés à la compréhension.

Évaluez vos critères d'exigence

Un second point à prendre en compte est votre manière de coudre ou plus précisément les critères d’exigence que vous avez par rapport aux projets de couture que vous entreprenez. En d’autres mots : quel genre de couturier/ère êtes-vous ?

Est-ce que vous aimez les patrons avec des instructions précises et détaillées ? Ou vous êtes plutôt du genre à sauter les explications écrites et à vous référer aux schémas ? Est-ce que vous préférez les supports textes ou vous cousez souvent à l’intuition ?

Si vous êtes un passionné de couture méthodique, qui n’aime pas l’imprévu, les bidouillages ou les ratés, alors attention ! Vous allez devoir vérifier méticuleusement que le patron en langue étrangère répond à vos critères de qualité. Si après une analyse appliquée, vous choisissez d’acheter le patron, réalisez une toile en premier lieu ! Cela vous permettra de tester le patron et de ne pas avoir de mauvaise surprise avec votre tissu préféré.

Si vous êtes plutôt du genre couture au feeling, alors vous pourriez trouver votre compte avec un patron dont vous ne comprenez pas 100% des instructions. Pour autant, et même si vous aimez l’aventure, je vous conseille de lire la suite de l’article pour éviter que votre expérience ne se transforme en cauchemar.

ÉTAPE 2 : Le niveau de couture est-il vraiment le critère à prendre en compte ?

S’il est intéressant de comparer votre niveau à celui du patron désiré, il est encore plus important de faire l’analyse des points techniques abordés.

1. Estimez votre niveau et celui du patron

À vrai dire, ce conseil concerne aussi bien les patrons en français qu’en langue étrangère, vous ne trouvez pas ? Avant d’acheter un patron, posez-vous les questions suivantes : quel est mon niveau de couture ? Et quel est le niveau de couture du patron que j’ai repéré ?

Si vous voyez vraiment qu’il y a une grosse différence, alors il se peut que ce projet ne soit pas pour vous. Gardez toutefois en tête que le niveau reste une appréciation subjective. Il serait tout de même dommage de ne pas se lancer dans un nouveau projet à cause de cela. C’est pour cette raison, qu’il est encore plus important de faire l’analyse des points techniques abordés.

2. listez les points techniques abordés

L’idée n’est évidemment pas de rester indéfiniment dans votre zone de confort et de n’acheter un patron que si vous maîtrisez parfaitement tous les points techniques, loin de là. Mais avant de vous lancer, faites le point sur les parties techniques qui seront abordées.

Pour cela, utilisez la fiche de description du patron. Si vous ne comprenez pas du tout la langue, copiez le texte dans un traducteur en ligne comme celui-ci. S’il n’y a pas de descriptions détaillées, essayez de trouver des versions de ce patron sur internet (moteur de recherche ou Pinterest) ou les réseaux sociaux (Instagram, Facebook).

Pour cela, écrivez simplement le nom du modèle et de la marque. Une fois que vous avez plusieurs photos, observez ces versions cousues pour identifier les points techniques. Cela peut être la pose d’un biais, d’une braguette, la doublure complète du vêtement, que sais-je encore.

Exemple

Pour illustrer mon propos, j’ai choisi une des dernières robes présentées par la créatrice russe Vikisews. Je n’ai pas trouvé de fiche produit de ce patron. En revanche elle met en avant sur son compte Instagram plusieurs prises de vue qui permettent de voir des détails de la robe.

On voit entre autre que la robe est (très) ajustée, la présence de fronces sur le haut de la jupe et de plis sur les manches, l’utilisation d’une fermeture invisible dans le dos et des pattes de manches trompettes. Sur l’une de ses prises de vue, on voit trois ronds et demi – il s’agit sans doute du niveau estimé de cette cousette ?

Publication Instagram de la marque Vikisew
Vue de dos de la robe Vikisews

3. Faites les points sur vos connaissances

Maintenant que tous les points techniques ont été identifiés et listés, mettez en évidence ceux que vous ne maîtrisez pas. Pour chacune de ces compétences, possédez-vous déjà un patron ou un tutoriel qui aborde le sujet ? Si c’est le cas, les explications sont-elles assez claires pour que vous puissiez les utiliser, dans le cas où le tutoriel du patron en langue étrangère ne serait pas compréhensible ?

ASTUCE

Si vous ne connaissez pas certains points techniques et ne possédez pas de matériel à ce sujet, faites un tour sur Youtube pour voir si vous ne trouvez pas une vidéo tuto.

EXEMPLE

Dans le cas de ce patron Vikisews, j’ai créé la liste suivante. Je sais coudre des fermetures et théoriquement aussi des fermetures invisibles. Pourtant, j’ai toujours une petite appréhension quand je dois me lancer.

Ma check-liste des points techniques

ÉTAPE 3 : Ce qui est plus important que les compétences linguistiques.

En plus de ces premières considérations exclusivement “couture”, il est important de vérifier que vous allez être capable de comprendre le tutoriel et les explications. Ce serait vraiment trop bête d’avoir juste des pièces mais ne pas savoir les assembler.

Les connaissances linguistiques aident...

La première question, qu’on aurait tendance à vous poser dans ce cas, concerne vos compétences linguistiques. Plus précisément : est-ce que vous vous sentez assez à l’aise avec une langue pour lire des instructions de couture ? A moins que vous soyez bilingue, je suppose qu’il y a de fortes chances que vous répondiez par la négative.

Pourtant rappelez-vous, lorsque vous aviez débuté la couture dans votre langue maternelle, vous ne connaissiez certainement pas non plus le vocabulaire de couture. C’est vrai, non ? Avant de faire votre premier projet de couture, connaissiez vous les concepts d’endroit et d’envers d’un tissu, la marge de couture, le biais, le passepoil, l’embu, etc.

Bref, l’idée ce n’est pas d’être bilingue et de connaître déjà tout le vocabulaire de couture. Disons que si vous avez déjà quelques connaissances de la langue visée, ce sera plus simple d’identifier les actions et de comprendre les instructions. Pour autant, il est à mes yeux encore plus important de considérer le type de support proposé ainsi que leur qualité.

... Mais les supports explicatifs et leur qualité sont plus importants.

En effet, qui a déjà cousu un patron en se référant uniquement à des schémas ou à une vidéo ? L’adage dit qu’une image vaut mille mots. Je ne sais pas si c’est toujours vrai, mais dans le domaine de la couture, une photo ou un schéma explicatif permet souvent de comprendre ce qu’il faut faire.

Pour vous donner un exemple, j’ai étudié l’espagnol pendant un an. Clairement mon niveau frôle celui des pâquerettes. Mais cela ne m’a pas empêché de me lancer sur un patron gratuit du blog OhMotherMineDIY. En effet, sa créatrice propose une vidéo explicative complète pour la petite barboteuse à volants que j’avais repérée. Je n’ai eu qu’à visionner son tutoriel (quelques dizaines de fois tout de même) et à l’imiter. Le résultat était au rendez-vous !

Cherchez les supports et évaluez leur qualité

Bref, vous l’aurez compris, pour savoir si vous allez comprendre les instructions, vous devez chercher les supports proposés et essayer de vous faire une idée sur leur qualité et leur clarté. Pour cela, vous pouvez vous aider de la liste de questions suivante :

✅ Est-ce qu’il y a des instructions écrites ? ✅Est-ce que les explications sont plutôt succinctes ou détaillées ? ✅Est-ce que les explications sont illustrées par des photos/des schémas ? ✅Est-ce qu’il y a en plus une vidéo proposée ou un cours complet ?

ASTUCE

Si vous décidez d’acheter le patron, vous pourrez évidemment traduire le texte. Si vous avez des instructions numériques, je vous conseille d’utiliser ce traducteur . Si vous avez un document papier, vous pouvez utiliser l’application Google Traduction et prendre en photo votre texte. Je vous mets un exemple ci-dessous. Attention toutefois, plus les phrases sont longues et utilisent des mots spécifiques, plus la traduction devient approximative.

Prise de vue d'un patron en langue étrangère
Le texte du patron en allemand
Prise de vue d'un patron en langue étrangère avec Google Traduction
La traduction affichée par Google Traduction

EXEMPLE

Pour illustrer mon propos avec le patron de Vikisews, je vous mets une image proposée par sa créatrice. Il s’agit d’une vue des explications du tutoriel. Personnellement, je ne comprends pas un seul mot de russe et pour le reste, je vous laisse vous faire votre opinion avec l’image.

Prise de vue du tutoriel Vikisews

ÉTAPE 4 : Faites confiance à la communauté !

Le quatrième point de notre liste est essentiel ! Et pour cause, il concerne les personnes qui ont déjà cousu le patron que nous avons en vue. Quel est leur avis concernant le patron et la cousette ? Ont-ils trouvé les explications difficiles ou au contraire ont-ils adoré apprendre une nouvelle technique avec ce projet ? Autre point, non négligeable : sont-ils satisfaits de leur cousette et est-ce que le vêtement taille bien ? Suivant les informations, vous pourrez prendre la température et noter des ajustements à réaliser.

Pour trouver des avis, utilisez les moteurs de recherche (pour trouver des blogs comme ici), les plateformes de revente en ligne (par exemple Makerist) ou encore les réseaux sociaux (Facebook, Instagram). Pour cela, tapez le nom du modèle que vous recherchez ou encore, le nom de la marque ou le hashtag associé.

Sur les réseaux sociaux comme Instagram, lisez les descriptions sous les photos. On y apprend souvent plein d’informations. En plus, l’application propose un traducteur. Et si vous avez repéré une version de cousette qui vous plaît, n’hésitez pas à contacter son créateur ! De nombreuses personnes sont ravies de dire si elles ont trouvé la couture agréable ou non, si le patron était bien taillé, etc. Autant d’informations qui vous aideront à savoir si ce patron est aussi bien qu’il en a l’air.

EXEMPLE

Pour ma robe Vikisews, j’ai notamment trouvé la publication de yulian_chic sur Instagram. J’ai utilisé le traducteur de l’application. Alors comme vous pouvez le voir, la traduction semble quelque peu approximative. Mais je crois comprendre qu’il manque certaines explications dans le tutoriel.

Publication Instagram où une femme pose avec sa robe

ÉTAPE 5 : Et si j'hésite encore ?

Vous venez de parcourir les différents critères à prendre en compte : vous connaissez vos critères d’exigences et avez identifié les points bloquants en ce qui concerne la couture. Vous avez également évalué votre niveau de compréhension par rapport aux supports proposés et vérifié que les couturières et couturiers avérés ont adoré ce patron. Malgré tout, vous hésitez encore… Ce qui nous amène à ce cinquième et dernier point.

Le joker : l'appel à un ami !

C’est aussi simple que cela, si vous ne comprenez pas la langue et/ou ne maîtrisez pas tous les points techniques, connaissez-vous quelqu’un dans votre entourage qui répond à l’un ou l’autre des critères (ou les deux, c’est encore mieux)?

Cela peut-être votre grande-tante, une amie ou pourquoi pas votre mercière ou la couturière du coin. En effet, de nombreuses merceries et ateliers de couture proposent des cours privés pour avancer sur un projet particulier. Posez la question en exposant votre projet, il y a de fortes chances que des professionnels puissent vous aider grâce à une ou deux heures de couture en tête-à-tête (et même sans tutoriel).

Enfin, je tiens à vous présenter le projet de couture en ligne d’Amélie. Je la suis avec grand plaisir sur les réseaux et elle a un super projet de couture en ligne franco-allemand, que je vous présente ci-dessous.

OSER SE LANCER AVEC Le projet de couture en ligne franco-allemand d'Amélie

Si vous avez envie de vous lancer avec un patron en langue étrangère, mais que vous n’osez pas, alors le projet d’Amélie est fait pour vous ! Amélie est strasbourgeoise de cœur et couturière passionnée. Elle partage sur son compte Instagram des créations qui naviguent principalement entre la France et l’Allemagne.

Normal, Amélie est bilingue franco-allemande. Si elle aime les patrons des blouses français, elle plébiscite aussi les projets germanophones, quand il s’agit de réaliser une cousette en jersey pour sa fille. À ses yeux, les patrons français et allemands proposent des univers différents et ont chacun leurs forces. D’où la création de ce projet de couture en ligne franco-allemand : couds allemand avec Lily & Mausie !

L’idée : chaque mois, un patron est sélectionné (soit un patron français, soit un patron allemand). Grâce à un ou plusieurs lives dans le mois, toute la communauté se retrouve pour réaliser le projet. Inutile de savoir parler allemand, Amélie se charge d’expliquer en live les étapes à réaliser ! Pour en savoir plus sur ce projet, je vous invite à suivre Amélie sur sur sa page Instagram.

CONCLUSIONS

Dans cet article, je vous ai donné des clés concrètes pour vous aider à savoir si vous pouviez craquer pour ce nouveau patron en langue étrangère qui vous fait de l’œil. Pour garder toutes ces informations, vous pouvez télécharger la check-liste ci-dessous. 😍

Pour résumer, nous avons vu que la première chose à faire, c’est de confirmer notre motivation pour ce patron particulier et d’évaluer nos critères d’exigences. Il faut également identifier les points techniques critiques qui concernent la couture et analyser les supports proposés. En outre, l’avis de couturières et couturiers avérés est essentiel car il permet d’identifier de possibles points bloquants ou améliorations à apporter au patron. Enfin, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide à des proches ou des professionnels, dont l’expérience et l’expertise permettront la couture malgré les problèmes linguistiques.